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L'info marché du jour Obus, céréales et adhésion : Zelensky avance ses demandes à l'UE

Le président Zelensky demande à l'UE de supprimer rapidement toutes les restrictions aux exportations de grain ukrainien (©padrinan, Pixabay)

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réclamé à l'UE d'accélérer les livraisons de munitions et de lever les restrictions européennes « inacceptables » et « cruelles » sur les exportations céréalières ukrainiennes, et lance les négociations d'adhésion à l'UE, en recevant à Kiev la présidente de la Commission européenne.

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[Article modifié à 16h25] La présidente de la Commission européenne est arrivée dans la capitale ukrainienne par le train dans la matinée pour y marquer la Journée de l'Europe et afficher une nouvelle fois le soutien de l'UE face à l'invasion russe. Elle est reçue à Kiev le jour où la Russie célèbre en grande pompe la victoire sur l'Allemagne nazie.

Dans le contexte de cette contre-offensive, Volodymyr Zelensky a remercié Ursula von der Leyen pour la décision européenne de fournir « un million d'obus », mais a insisté sur la nécessité de livrer plus vite ces munitions d'artillerie. « On en a déjà besoin sur le champ de bataille », a-t-il insisté avant de remettre sur la table le sujet des restrictions européennes sur les exportations agricoles ukrainiennes, qui a suscité des tensions entre l'Ukraine et ses voisins.

« Toute restriction sur nos exportations est absolument inacceptable maintenant parce qu'elle renforce les capacités de l'agresseur » russe, a fustigé M. Zelensky face aux journalistes. « Nous attendons de l'UE la suppression de toutes les restrictions le plus vite possible », a-t-il continué, jugeant ces « mesures protectionnistes sévères, voire cruelles ».

« En temps de guerre, (elles) ne peuvent que décevoir », a-t-il encore cinglé, visant ainsi les cinq pays concernés - Pologne, Slovaquie, Hongrie, Bulgarie, Roumanie.

Depuis plusieurs semaines, le ton est monté entre d'un côté Kiev et d'un autre ces États, avec Bruxelles en juge de paix. Les Vingt-Sept avaient suspendu en mai 2022, pour un an, les droits de douane sur les denrées ukrainiennes et s'était organisés pour permettre à Kiev d'exporter ses céréales, l'invasion du pays par la Russie paralysant les itinéraires habituels par la mer Noire.

Conséquence : les États de l'UE voisins avaient vu massivement augmenter les arrivées d'Ukraine, provoquant la saturation des silos faute de moyens logistiques appropriés et faisant chuter les prix, de quoi déstabiliser les cultivateurs locaux.

La Pologne, rapidement imitée par d'autres pays européens, avait unilatéralement banni mi-avril les céréales et d'autres produits agricoles venus d'Ukraine, disant vouloir protéger ses agriculteurs. Une situation que Bruxelles avait jugé « inacceptable » en pleine guerre en Ukraine.

Malgré ces tensions, la Commission européenne est parvenue fin avril à un accord entre toutes les parties concernées pour garantir le transit des céréales ukrainiennes, notamment à destination des pays tiers, un point crucial pour Kiev, soucieux de pouvoir continuer à exporter sa production.

Aux côtés de M. Zelensky, Ursula von der Leyen a jugé « difficile » la situation. « La priorité immédiate est maintenant que le transit des céréales se déroule de manière transparente et à un prix le plus bas possible en dehors de l'Ukraine vers l'UE », a-t-elle affirmé. « Cela nécessite une coopération très étroite des différentes parties prenantes », a continué von der Leyen, annonçant la mise en place d'une « plateforme de coordination ».

Négociations pour entrer dans l'UE

Lors de cette conférence de presse conjointe, Volodymyr Zelensky a lancé : « Le moment est venu de prendre une décision positive concernant l'ouverture des négociations sur l'adhésion » de l'Ukraine à l'Union européenne. L'Ukraine réclame depuis des années une adhésion à l'UE et à l'Otan et a multiplié les demandes auprès de Bruxelles depuis l'invasion russe, y voyant la seule réelle garantie de sa sécurité face à Moscou.

L'UE a accordé à Kiev le statut de candidat officiel en juin 2022 mais réclame la poursuite des réformes, notamment anticorruption. L'ouverture de négociations d'adhésion doit être décidée par les États membres à l'unanimité après proposition de la Commission.

« L'Ukraine se bat pour les idéaux de l'Europe que nous célébrons aujourd'hui. En Russie, Poutine et son régime ont détruit ces valeurs. Et maintenant, ils tentent de les détruire ici en Ukraine », a déclaré Ursula von der Leyen aux côtés de M. Zelensky. « L'agresseur a déjà dramatiquement échoué. L'Ukraine a résisté à l'attaque et riposté avec succès », s'est-elle félicitée, alors que Kiev prépare une nouvelle contre-offensive.

Dans les semaines à venir, la Commission européenne doit rendre un avis provisoire sur les progrès de Kiev en vue de l'ouverture des négociations d'adhésion, avant un rapport officiel en octobre.

Si les Occidentaux promettent à l'Ukraine l'adhésion à terme à l'UE comme à l'Otan, Bruxelles estime que les pourparlers prendront six à dix ans après leur ouverture, alors que Kiev souhaite une intégration beaucoup plus rapide.

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